
Du Nid d’Aigle au Chapeau de Napoléon, 9 km, 91490 Milly La Forêt
En ce dimanche 30 novembre, vers 9 h 30, vingt-et-un Joyeux Pataugas et une boule de graisse ou de muscle (on ne sait plus trop) à quatre pattes, experte en ramassage de miettes, sont rassemblées sur le parking de la Boulignère sous le “haut commandement” de Sylvie R. Car aujourd’hui, Les Joyeux Pataugas ne sont plus de simples randonneurs : ils sont officiellement affiliés à l’OCBC, l’Office Central de lutte contre le trafic des Biens Culturels… section Marches à Pied.
L’affaire ? Une sombre histoire digne du casse du Louvre… Retrouver, un couvre-chef impérial dans les replis mystérieux de la forêt des Trois Pignons ! Et pas le moindre des chapeaux, il s’agit du bicorne de Napoléon Iᵉʳ, adjugé le 19 novembre 2023 chez Osenat (*) pour la modique somme de 1 932 000 euros TTC.
Et qui de mieux, pour fouiller les sentes sableuses et les chaos rocheux, que 23 Joyeux Pataugas, promus fins limiers du jour ?
Le départ se fait sur le chemin de la Boulignère, large sente forestière bordée d’arbres probablement au courant de l’affaire et qui semblent se pencher pour mieux observer ces détectives improvisés.
Rapidement, le groupe bifurque sur le chemin du Nid d’Aigle, zone répertoriée par l’OCBC comme potentiellement sensible. Autant dire que nos Joyeux Pataugas inspectent chaque gros caillou, chaque branche, chaque empreinte vaguement évocatrice, dans l’espoir d’y détecter le moindre indice.
La progression les mène tout naturellement jusqu’aux fameuses Cent Marches, un escalier abrupt de grès redouté par tous les marcheurs du coin. Consciente que la fatigue pourrait embuer le flair de ses enquêteurs, Sylvie, en stratège avisé, prend la sage décision de les descendre plutôt que de les monter. Une manœuvre éclairée, car il vaut mieux préserver l’essoufflement de nos Joyeux Pataugas pour aiguiser leurs instincts et leurs capacités d’analyse.
Surtout que plus loin, une grimpette se dessine, menant vers un lieu au nom tellement symbolique que le destin semble l’avoir placé là exprès : le Rocher aux Voleurs. Impossible donc, pour Les Joyeux Pataugas, de ne pas l’inspecter. Son nom résonne comme une promesse et son relief comme des caches potentielles. Imaginez bien que Les Joyeux Pataugas fouillent le moindre recoin, explorent la moindre fissure, analysent et soulèvent le moindre caillou et les feuilles suspects
Mais rien, absolument rien, ils ne trouvent !!!
Le bicorne, une fois de plus, se dérobe aux Joyeux Pataugas !
Ils poursuivirent sur le chemin de la Vieille Grange, moment choisi par le soleil pour faire enfin son entrée, tel un allié en retard. Ses rayons, traversant les arbres en longues lames dorées, ricochent sur les rochers. Très vite, ces éclats lumineux attisent encore davantage la curiosité des Joyeux Pataugas : chaque reflet prend soudain des allures de piste, chaque ombre projetée murmure un indice. Ici un relief qui évoque un tricorne ; là, un faisceau lumineux dessinant un shako de l’armée napoléonienne.
Hélas, comme souvent en forêt, quand l’imagination marche plus vite que les jambes, ces visions restèrent ce qu’elles étaient : de simples caprices de lumière insaisissables. Mais toujours pas de bicorne !
Pourtant, le point d’orgueil du parcours approche : le Chapeau de Napoléon, rocher emblématique, repérée par l’OCBC comme hypothétique « correspondance visuelle du fameux bicorne ». S’il y avait un endroit où espérer le trouver, c’est ici. Les Joyeux Pataugas déploient alors leur meilleure expertise : observation minutieuse des abords, exploration des hauteurs, contrôle topographique complet du site. Le moindre recoin est scruté comme une scène de crime.
Néanmoins, le verdict est sans appel : chou blanc.
Pas l’ombre d’un bicorne.
Pas même un fil de la ganse de soie noire qui maintenait la cocarde est retrouvé.
Les Joyeux Pataugas sont dépités, et désormais lessivés par l’intensité de la mission. Il est temps pour eux de regagner la Boulignère. Et c’est via le chemin de Rumont, puis celui du Bois de La Guichère, qui bordent le D837, qu’ils se replient !!!
Les pas, d’abord énergiques, se font plus poussifs, presque défaitistes.
De retour au parking de la Boulignère, la mine un peu penaude, mais l’esprit toujours enjoué, Les Joyeux Pataugas retrouve un gain de réconfort avec une distribution de kiwis par Stéphane, véritable ministre des Affaires Vitaminées.
Ces petites sphères velues sont perçues en un instant comme une médaille du mérite, un hommage à leurs efforts vains.
Et à peine le dernier kiwi ensaché, que Sylvie R., la meneuse du jour, la stratège de cette absurde, mais merveilleuse traque impériale, somme et invite sa troupe à célébrer un anniversaire : le sien !!!
Le parking se transforme alors en véritable banquet forestier où les gobelets s’élancent à l’assaut des bulles légères tandis que les douceurs dévoilent leurs saveurs.
Si la forêt a refusé de livrer le bicorne de Napoléon, elle célèbre avec brio, certes, des ans, mais aussi une équipe unie, et une aventure que seule l’inventivité des Joyeux Pataugas transforme en chimère.
(*) Osenat : Maison Osenat – Commissaires Priseurs à Fontainebleau
Franck


