Tous pour un, un pour tous…

Dimanche 12 octobre

L’arrivée égrenée des Joyeux Pataugas au Relais du Moulin Neuf

Entre 16 h 30 et 18 h 00, l’entrée du Relais du Moulin Neuf voit défiler une procession désordonnée de voitures individuelles, avec à leur bord Les Joyeux Pataugas, célèbres pour leur endurance autant que pour leur enthousiasme communicatif. L’arrivée se fait en ordre dispersé. Les coffres s’ouvrent, les sacs se vident, et la colonie prit possession du quartier des Noisetiers, camp de base officiel du séjour.

Une fois les chambres explorées, la curiosité du lieu assouvie, Les Joyeux Pataugas sont conviés sur le coup de 19 h 30 à une réunion d’accueil menée par Christophe, le maître des lieux, autour d’une boisson sans alcool… mais pas sans saveur, l’ombre bienveillante de la prune d’Ente, fierté locale, planant sur la table. Entre les grandes lignes du séjour et les kilomètres à venir, l’ambiance s’installe d’emblée : celle d’un séjour placé sous le signe de la bonne humeur.

Le soir venu, le dîner réunit tout le monde autour d’un plat à la hauteur de la légende : la poule au pot d’Henri IV. Symbole parfait d’une halte gourmande en terre gasconne, elle trônait fièrement, parfumant la salle et les esprits d’un doux mélange d’histoire et d’appétit. Mais c’est Monique qui fit honneur au plat comme nulle autre : oubliées les convenances, elle attaqua la poule au pot avec les doigts, rieuse et sans remords, arrachant les cuisses juteuses avec une ardeur de conquérante. La sauce lui glissait jusqu’au poignet, le pain s’en faisait complice, et chaque bouchée sonnait comme un petit concerto pour doigts graisseux et appétit triomphant, un vrai pianissimo de gourmandise débridée !


Puis le dîner s’achève dans un calme joyeux, chacun regagnant son logis du quartier des Noisetiers, prêt à affronter, le lendemain, les sentiers gascons, le pas léger et le sourire déjà au coin des lèvres.

Franck

Lundi 13 octobre

Le Relais du Moulin Neuf au Moulin des Tours – 7 km – 47230 Barbaste

Et c’est parti mon kiki !!! Pour la preum’s des randonnées des Joyeux Pataugas, en terre gasconne. Et cela sous un magnifique soleil où l’automne s’amuse avec sa palette et habille les arbres d’or et de rouge.

Le départ se fait en fanfare, chaussures lacées et sacs à dos depuis le Relais du Moulin Neuf, avec comme guide du jour, Nicolas, un pitchoun chapeauté, natif de Nérac. C’est donc sans surprise qu’il ouvre la marche, le sourire confiant. Une attitude qui rassure nos Joyeux Pataugas, toujours un brin soucieux de confier leurs destinées à la jeunesse !!! C’est donc sous un ciel bleu éclatant où la lumière dorée fait danser les feuilles… qu’à la queue leu leu, ils emboitent le pas du jeune gascon !

Très vite, le paisible hameau de Lausseignan est traversé, puis vient le franchissement du ruisseau de Larebuson, grâce à un pont, bien sûr, pas question de tremper Les Joyeux Pataugas dès le premier kilomètre !

Le chemin de Lacazeneuve

Mais la Gascogne ne se laisse pas gravir sans résistance et sur le pentu du chemin de Lacazeneuve, voilà la première « rampaillote » gasconne de nos Joyeux Pataugas. Et là, « boudu », les mollets chauffent, les souffles s’accordent mais rassurez-vous, cela n’a rien à voir avec une poussée de mêlée de rugby où là, comme un troupeau de taureaux décidés, les mollets fument, et ça pousse au coude à coude, l’œil rond et la narine frémissante. Chez Les Joyeux Pataugas une poussée reste pianissimo… et tout le monde arrive en haut, malgré tout. Et là, ce qui n’est pas toujours le cas, ils ont eu droit à une récompense : un premier couplet de Nicolas vantant la Gascogne.

Sur le haut du chemin de Lacazeneuve

Sur les hauteurs, sur le chemin de Pitalat, rebelote… Nicolas y va de sa seconde tirade devant des Joyeux Pataugas presqu’assidus. Ils y croisent Élyane, une native du pays, qui les salue devant les vignes dorées du Buzet… alors qu’elle promène ses toutous !!! Pipelette et sympathique est la gasconne !!!

Sur les hauteurs, sur le chemin de Pitalat

Et voilà qu’après quelques kilomètres de hauts, de bas, de rires et de discussions passionnées avec Nicolas, la troupe débouche fièrement sur Barbaste, via le Petit Grava. Là, route de la Grévière, elle fait connaissance avec la rivière, la Gélise, quand un peu plus loin, l’imposant Moulin des Tours, fier vestige du passé, se dresse devant elle, comme un gardien de pierre au bord de la rivière, avec son Pont Vieux qui semble tout droit sorti d’un film de cape et d’épée. C’est sur ce pont d’ailleurs que le groupe s’arrête et, bouche bée, boit un des derniers tercets du Pitchoun…

Le Pont Vieux et le Moulin des Tours

Après une immersion dans la rue du Moulin des Tours, où, adossés aux murs de l’enceinte, Les Joyeux Pataugas assistent au final de la verve de Nicolas, l’heure de la soupe avançant, le retour au Relais du Moulin Neuf, est proclamé. Il se fait par la voie verte, qui longe la route de Bordeaux où le soleil d’octobre prend des allures estivales en chauffant et dorant les visages et les sourires. Et quand le Relais du Moulin Neuf pointe son nez, quelques Joyeux Pataugas poussent un cri du cœur : “ Floc o’clock ! ”

La voie verte, le long la route de Bordeaux

Premier Floc donc pour certaines et certains : histoire de célébrer la fin de cette première rando réussie sous le signe de la bonne humeur, des mollets vaillants et du bel esprit gascon.

Franck

Cliquez sur l’image pour visionner le parcours
Les Joyeux Pataugas en balade à Nérac : entre Histoire et Baïse enchantée

C’est repus, guillerets, le ventre heureux et le sourire large que Les Joyeux Pataugas sortent de table au Moulin du Relais Neuf. Ce premier déjeuner a été, disons-le sans détour, à la hauteur de la réputation du lieu : généreux et convivial.

Le temps de digérer, de se faire une beauté, voire pour certains de s’offrir une micro-sieste digestive express, voilà déjà Les Joyeux Pataugas qui se rassemblent sur le parking, métamorphosés en touristes du dimanche. Exit les godasses de rando, les bâtons de marche et les sacs à dos façon expédition himalayenne ! Place aux mocassins, aux petits tops et aux shorts, bref, une allure de club de globe-trotters élégants plutôt que de randonneurs intrépides.

Et c’est là qu’apparut Bénédicte, leur guide de l’après-midi, élégante comme une héroïne de roman et vive comme un vent du Gers. Native de cette terre de caractère dont elle parle avec un accent aussi chantant que son sourire est chaleureux, elle fit son entrée en véritable cheffe de convoi. Sa prestance, son humour et sa fierté gersoise qu’elle revendiqua, bien sûr, avec la grâce d’une ambassadrice, mirent tout le monde d’accord : la visite s’annonçait aussi savoureuse qu’un foie gras poêlé.

Sous son commandement enthousiaste, les voitures s’ébranlèrent en convoi vers Nérac, la perle du pays d’Albret, blottie au bord de la Baïse. C’est au Parc de la Garenne que tout ce joli monde se stationne. Et c’est d’un pas encore ferme, dans un ordre plus ou moins dispersé, qu’ils traversent le Pont Neuf, enjambant ainsi une Baïse aux reflets d’argent. Le premier arrêt s’imposa naturellement devant le château de Nérac, fier vestige du XIVᵉ siècle, berceau d’histoires et de légendes.

chateau de Nérac

Là, Bénédicte, passionnée et intarissable, leur raconta comment ce château vit passer les ombres illustres de Marguerite de Navarre, sœur de François Iᵉʳ, de Jeanne d’Albret, mère courage des guerres de religion, et bien sûr du jeune Henri de Navarre, futur Henri IV, qui y passa ses jeunes années à courir la campagne et sans doute, déjà, quelques jupons gascons…

Charmés, émus, et parfois distraits par les pigeons du parvis, Les Joyeux Pataugas poursuivirent leur conquête : sous la houlette de leur guide, ils envahirent la mairie de Nérac, non pas pour y déposer une motion municipale, mais pour admirer d’antiques mosaïques romaines, vestiges d’un passé.

Puis, en véritable escouade de curieux, la troupe s’aventura dans le vieux Nérac, un labyrinthe de ruelles pavées, de façades à colombages et de charmes anciens. Devant la Maison des Conférences, Bénédicte évoqua Catherine de Médicis, reine de France qui tenta ici même de réconcilier protestants et catholiques.

Devant la Maison des Conférences

L’itinéraire se poursuivit par la visite de l’église Saint-Nicolas, paisible et noble, avant de dévaler la rue Pusoque. Le Vieux Pont, ensuite, permit à tous de franchir une nouvelle fois la Baïse, toujours sous le regard attentif et le verbe enlevé de Bénédicte, dont les anecdotes faisaient mouche à chaque détour. Même si là, son regard de temps à autre fuyait pour mater un bel Éphèbe, aux muscles saillants et aux tablettes de chocolat prononcées, en plein exercice de bodybuilding, à même le trottoir.

Puis via le long de la Baïse vient le retour au Parc de la Garenne, mais non pas pour retrouver le “cul des voitures”, cet arrière-fief où presque chaque dimanche de l’année, Les Joyeux Pataugas finissent en banquet, mais pour s’offrir une parenthèse de nature et de poésie. Là, entre les arbres parés de mille couleurs d’automne, ils découvrirent la Grotte de Fleurette, émouvante légende d’amour tragique, et …la Fontaine Saint-Jean, où l’eau jaillit fièrement de trois têtes de lions sculptées, puis de deux seulement, car notre gai-luron Dominique, fidèle à son sens de la mise en scène, s’était adossé pile devant la troisième, donnant l’illusion parfaite que luimême urinait joyeusement ! Un tableau digne d’une carte postale humoristique, et bien sûr immortalisé (par souci de décence et pour préserver la sensibilité de toutes catégories de spectateurs, le cliché incriminé n’est visible que dans l’album photo privé des Joyeux Pataugas, réservé aux initiés et aux amateurs d’humour (très) visuel ! )

Dans le Parc de la Garenne

Le soleil, complice, filtrait à travers les feuillages. Les conversations, les rires, et les explications de Bénédicte s’accordaient en une douce musique de fin d’après-midi.

Puis, Les Joyeux Pataugas retrouvèrent leur point de stationnement, un peu fourbus mais l’esprit léger. Le soleil déclinait, les feuilles d’automne dansaient, et l’heure du retour sonnait. Ils reprirent les voitures dans une chorégraphie un brin désordonnée, mais toujours souriante, pour le grand retour au Relais du Moulin Neuf.

Franck

Mardi 14 octobre

Larressingle, 8 km, 32100 Larressingle

Ce mardi, cap sur le Gers pour la deuxième rando des Joyeux Pataugas ! Manque à l’appel notre Monique nationale… la fameuse poule au pot d’hier au soir aurait-elle eu du mal à passer ? Allez savoir !

Aujourd’hui, c’est Bénédicte, notre accompagnatrice gersoise pur cru, qui mène la danse. Et ça tombe bien : le parcours du jour se déroule autour de Larressingle, surnommée “la petite Carcassonne du Gers”.
Après quelques kilomètres en « tutures », le départ se fait quasi au pied de la cité médiévale, sous un ciel timide mais prometteur. Le soleil ne demande qu’à pointer le bout de son nez.

Sur le bitume de D 507 à la sortie de Larressingle

Les premiers pas se font sur le bitume, mais très vite, au lieu-dit Cahuzac, la troupe bifurque à gauche… Pas de panique, aucune manœuvre douteuse : ici, pas de fraude fiscale, ni de blanchiment d’argent, juste une petite sente. Un âne apparaît, ou peut-être une ânesse… mais personne ne s’attarde sur la question du genre.

La Halte de Larressingle

Et soudain, révélation : le sentier emprunté n’est autre que l’un des mythiques Chemins de Compostelle ! Vous imaginez bien que, fiers comme des papes, Les Joyeux Pataugas, sourire jusqu’aux oreilles, ne manquent pas l’occasion de poser pour immortaliser l’instant solennel !!!
Bon, ils ne font que 7 km, mais chut… pas besoin de tout dire. De vrais roublards, nos marcheurs du dimanche !

Enfin… presque !!!

Mais qu’on ne s’y trompe pas : ce ne sont pas des fainéants. Voyez leur ardeur ! Ils marchent, ils causent, ils rigolent, bref… ils avancent vaillamment, enfin, vaillamment à leur rythme, le pas lent, la blague au bord des lèvres et l’oreille tendue… n’oubliez pas que Béné narre de temps à autre !!!

Et quelle solidarité : certains se font même “tirer” un peu, sur la fin du parcours. Mais  attention, sans arrière-pensée, aucune allusion grivoise, voyons !!! Les Joyeux Pataugas sont prudes… mais efficaces.

Retour à Larressingle, où Bénédicte reprend son rôle d’historienne inspirée aux abords du petit pont de la cité médiévale. Cette Béné est intarissable sur l’histoire locale. Même à l’intérieur des remparts, tout y passe : architecture, occupants, anecdotes. Et voilà Les Joyeux Pataugas qui remontent les siècles comme d’autres remontent un verre de Côte-de-Gascogne…

Larressingle, la citée médiévale surnommée  » La petite Carcassonne du Gers »

La visite se poursuit à l’église romane dédiée à Saint Sigismond. Après mille commentaires passionnés, Béné nous offre une démonstration vocale : sa voix s’élève et résonne dans la nef, à en faire trembler les anges. Et voilà que notre Philippe lui répond d’un timbre à faire pâlir un baryton.

Pour écouter notre baryton Philippe, cliquez sur l’image

Un instant suspendu. Les Joyeux Pataugas, les yeux fermés, sont en extase sonore et touchent alors le ciel. À se demander si Compostelle, c’est peut-être par le haut !!! Émus, transfigurés sont nos randonneurs et c’est là qu’ils en concluent avec la cité historique.

Et comme marcher, écouter, chanter et rire, ça creuse. . Et que Les Joyeux Pataugas, eux, savent creuser, surtout dans l’assiette, go… pour la Ferme de Flaran pour ripailler !!!!

Franck

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Les Joyeux Pataugas à Condom : une après-midi bien protégée !

L’après-midi pointe son nez, chaude, lumineuse, lorsque nos Joyeux Pataugas sortent repus et souriants, de la Ferme de Flaran où le déjeuner a mis tout le monde d’accord… et légèrement à plat. C’est le ventre rebondi, le sourire gras et la casquette vissée que la troupe embarque vers Condom, capitale du Ténarèze, et, pour les anglophones, capitale mondiale du… préservatif.

Au parking Voltaire, les voitures se rangent à tour de rôle. Dès leur descente, avec toujours sainte Bénédicte comme chef de bande, Les Joyeux Pataugas, sous un soleil tapant dru et une digestion ralentissant toute velléité héroïque, affrontent d’emblée une petite ascension urbaine. Inutile de vous dire que la marche fut lente et rythmée par le doux concert de soupirs digestifs, pour atteindre le parvis de la cathédrale Saint-Pierre.

Mais qui sont là, à les attendre, fièrement dressés et étincelants de bronze ? Ni plus ni moins que d’Artagnan et les Trois Mousquetaires !!! Imaginez la fierté des Joyeux Pataugas, vu que la devise “Un pour tous, tous pour un”, n’est pas seulement celle des Mousquetaires ni même de la Suisse, c’est aussi la leur : même esprit d’équipe, même goût du panache, et la même tendance à transpirer !!! Tout ouïe sont nos Joyeux Pataugas, quand Béné, intarissable, se lance dans un exposé aussi flamboyant que la température est élevée. Sous le soleil ardent, ses mots fusent comme des estocs, et ses gestes tracent des arabesques invisibles dans l’air, devant des Joyeux Pataugas, liquéfiés mais suspendus à ses explications…
Puis viennent les photos où les poses s’enchainent et deviennent de plus en plus créatives, et transforment tout le parvis en une campagne publicitaire pour la bonne humeur.

Un pour tous, tous pour un
Cathédrale Saint-Pierre

L’entrée dans la cathédrale Saint-Pierre apparut alors comme un miracle, ou plutôt comme une bulle de fraîcheur parfaitement étanche. L’intérieur, vaste et ombragé, offre aux Joyeux Pataugas une trêve bienvenue après les ardeurs du parvis. Sous les voûtes gothiques, le silence n’était troublé que par les murmures admiratifs et le doux clapotis des mots de Bénédicte, infatigable, déroulant avec ferveur l’histoire du lieu, entre croisades et compagnonnage, pierres et prières, la foi et la culture cohabitant !!!
Les Joyeux Pataugas, désormais rafraîchis, reprennent des couleurs et écoutent fascinés, même si certains oscillent entre médidation ou repos discret.

À la sortie de la cathédrale, ragaillardie, la troupe déferle sur l’Office du Tourisme, le temple moderne du souvenir. Le personnel, rodé à ce genre d’invasions culturelles, accueille avec le sourire la troupe enthousiaste. Brochures, cartes, magnets, et objets divers changent de main à grande vitesse.
La visite se poursuivit dans le cloître et le Palais épiscopal, véritables havres de calme et de beauté architecturale. Bénédicte, toujours en verve, renseigne Les Joyeux Pataugas à travers les siècles avec la passion d’une Gasconne et la précision d’une archiviste.

Le Cloître

Un détour devant lécole Jules Ferry, installée dans le splendide Hôtel de Polignac, permet à la troupe d’admirer ce bijou architectural. Rares sont les enfants de France qui vont à l’école dans un tel décor. Et cela grâce au Loto du Patrimoine de Stéphane Bern.

Ecole Jules-Ferry

Le retour au parking Voltaire s’effectue dans une ambiance de franche satisfaction… mais à l’allure éreintée. Il est temps pour certains Joyeux Pataugas, un peu fatigués mais heureux, de regagner le Relais du Moulin Neuf. Le chemin de Compostelle, Larressingle, la croustade au Saint-Marcellin, une digestion pentue, l’enfilade dans le préservatif… Oh pardon, dans Condom, l’histoire, la chaleur et les fous rires semblent avoir laissé quelques traces.

Et c’est ainsi que se conclut cette après-midi haute en couleurs, en chaleur et en bonne humeur.

Franck

Mercredi 15 octobre

Vianne, 7,5 km, 47230 Vianne

À 8 h 45, au matin du jour 4, Les Joyeux Pataugas, chaudement vêtus, émergent tels de valeureux mousquetaires du petit déjeuner, et se retrouvent sur le parking du Relais du Moulin Neuf, prêts à conquérir Vianne. À noter toujours l’absence de Monique, qui après une tentative… a préféré encore s’abstenir. Petite inquiétude au sein du groupe : que couve Monique depuis qu’elle a dévoré cette poule au pot ? Un poussin royal ? L’esprit d’Henri IV ? Une mutation en volaille souveraine ? Verdict dans la matinée : Lyne la prend sous son aile et l’emmène illico presto consulter… un médecin, un véterinaire, un psy et un ornithologue, histoire de couvrir toutes les options.

Dix minutes de convoi plus tard, sept kilomètres avalés dans la blancheur ouatée d’un brouillard dense, Les Joyeux Pataugas se postent devant les fières fortifications de cette bastide médiévale, intactes malgré les siècles. À la tête de l’expédition : Nicolas, le pitchoun gascon, maestro du jour, œil vif malgré la brume, posture noble malgré la fraîcheur. Il ouvre immédiatement la marche, menant ses troupes à travers la rue de la Résistance puis le boulevard de la Gare, le tout dans les clous. Les Joyeux Pataugas peuvent braver collines et remparts, mais pas le courroux d’un code de la route.

Vianne, ses remparts et une de 4 tours-portes

Premier arrêt à l’intersection de la voie verte et du boulevard Jean-Jaurès. Nicolas, fort de son accent et de sa sagesse locale, lance son premier laïus instructif tandis que Les Joyeux Pataugas tapotent discrètement des pieds, pour se tiédir de la fraicheur matinale. Qu’ils se rassurent : le réchauffement va arriver très vite, notre pitchoun ayant clamé une grimpette !!! La route des vignes s’élève d’abord en asphalte docile, avant de devenir une sente terreuse et encombrée, assez pour tester mollets, souffle et vigueur.

l’asphalte de la route des vignes

Arrivés au « sommet », second récital gascon de Nicolas… Puis vient une grande ligne droite, où du chemin de la vigne, Les Joyeux Pataugas, toujours sous un brouillard épais, passent sur le chemin de Gaille avant de jalonner la Route de Cantiran et se retrouver nez à nez avec la porte fortifiée de Montgaillard-en-Albret, halte historique.

Si, lors de la guerre de Cent Ans, Montgaillard est un village stratégique des Anglais, aujourd’hui, 15 octobre 2025, il est sujet à une invasion « pataugasienne » pacifique. Et c’est en son église Saint-Étienne que Nicolas conte l’histoire du lieu avec passion, talent, et peut-être une légère fierté régionale. Puis ce fut la retraite par la rue de l’Église et le chemin de la Ronde, devant les vestiges du château du XIIIᵉ siècle… toujours sous une purée de pois. Le soleil ? Nulle trace. Pourtant, la grenouille l’avait annoncé, comme quoi, il ne faut pas se fier aux prévisions météorologiques des batraciens.

Montgaillard est délaissé via la Route des Pyrénées, mais n’ayez aucune crainte, amis lecteurs, Les Joyeux Pataugas ne comptent pas aller planter leur étendard sur le pic d’Aneto. Voilà pourquoi ils bifurquent à gauche, sur le chemin de Brian, puis à droite, dévalent une sente entre vignes et futaies. Mais c’était sans compter sur le relief gascon, fait de vallons, parce qu’aussitôt, la sente se mue en « escalade ». Et là, ils ont poussé nos Joyeux Pataugas, bien piocher même !!!

L’ascension d’un vallon gascon

Au sommet, le retour sur Vianne se fait par le chemin de Laroche, un long ruban alternant terrain découvert et tunnel doré de feuillages automnaux. Le brouillard, lui, vieux compagnon du jour, refuse de disparaître, prouvant ainsi une belle fidélité. Puis revoilà le bitume, route de Xaintrailles… et soudain, comme sortie de la brume, apparait Vianne.

Les Joyeux Pataugas ont triomphé, de l’histoire, du relief, et du brouillard surtout, ennemi sournois, mais vaincu par leur entrain, leur héroïsme randonneur…

Mais la boucle n’est pas encore bouclée. Les Joyeux Pataugas sont des conquérants, et Vianne n’a été que contournée !!! Et voici donc nos Joyeux Pataugas, rassemblés comme une petite armée devant la tour-porte dite de la gare, rempart de pierre dressé comme un garde sévère depuis le XIIIᵉ siècle. L’heure n’est plus aux collines gasconnes, l’heure est à l’invasion. Il est temps pour eux d’envahir… mais sans avoir écouter une énième palabre de leur stratège Nicolas.

La tour-porte dite de la gare

La lourde porte médiévale est franchie et la troupe avance, yeux grands ouverts, oreilles tendues vers la voix meneuse du pitchoun gascon.

À la Place des Marronniers, cœur battant de Vianne, Les Joyeux Pataugas se posent. Les bancs, les murets, le moindre rebord praticable deviennent sièges royaux pour cette troupe victorieuse du relief gascon. En formation disparate mais digne, ils s’alignent comme une assemblée de chevaliers en Gore-Tex, prêts à recevoir la parole sacrée… de Nicolas.

La place des Marronniers

La place, explique-t-il, n’est pas qu’un joli carré où l’on pose un postérieur fatigué. C’est le cerveau stratégique de la Bastide, pensée selon des plans, alignée avec une précision mathématique. Et tous, absolument tous, écoutent, sérieux, respectueux et transfigurés. Ils absorbent l’histoire comme ils ont absorbé l’humidité du matin : entièrement et avec panache. Est-ce la magie du patrimoine légué qui opère, ou bien est-ce le coup de pompe ?

Puis, le récit terminé, Les Joyeux Pataugas se lèvent témoins d’un temps médiéval reconstitué par le souffle gascon d’un guide habité.

Et une fois grimpés dans leurs montures à 4 roues, repartent, conquis, inspirés, affamés aussi sans doute, vers le Relais du Moulin Neuf.

Franck

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Les Joyeux Pataugas en Terre de Pruneaux : Bruch & Ferme Roques

Après une matinée en mode « London fog made in Gascogne » et un déjeuner bien copieux au Relais du Moulin Neuf, Les Joyeux Pataugas débarquent en début d’après-midi à Bruch sous un soleil éclatant. Lunettes de soleil vissées, bonne humeur au taquet, et surtout guidés par Bénédicte, la plus chantante des guides gersoises, capable d’expliquer le Moyen-Âge en souriant et en roulant les “r” comme personne. À noter, le retour de Monique… encore un peu vacillante, mais téméraire.

Première énigme du jour : d’où vient le nom Bruch ?
Mystère millénaire. Bruyère flamboyante ? Petit cours d’eau bien vaseux ? Ou clin d’œil germanique à Brücke, “ponts” ? Sans oublier la version digne d’un conte gascon : un sieur Bruch, fondateur oublié dans la nuit des temps, plus mystérieux qu’un héros de saga médiévale. Bref, chaque Joyeux Pataugas a le libre choix pour son aventure étymologique de l’après-midi.

Bruch, au XIIIᵉ siècle, quitte son look de modeste motte castrale trop à l’étroit pour se pavaner en fier castrum fortifié. Les Joyeux Pataugas, eux, nez en l’air, admirent les maisons à colombages, totalement hypnotisés, les yeux plus écarquillés, hochant la tête à chaque anecdote de Béné et n’osant même pas cligner des yeux de peur de rater une pépite historique. Et puis, au cœur du village : la halle, reconstruite avec des matériaux anciens, comme un puzzle médiéval remis au goût du jour.

La Halle – Bruch

C’est là que notre troupe s’installe autour de Béné : ambiance cercle de partage, style « réunion d’alcooliques anonymes ». Elle, passionnée, enfile les anecdotes sur le rôle de la halle au Moyen Âge, alors vraie cathédrale du commerce gascon. Eux, captivés… du moins jusqu’à ce que surgisse l’ultime dilemme existentiel du jour :

Les poutres de la reconstruction… chêne ou châtaignier ?

Bruchoises et Bruchois, si par un pur hasard, vous veniez qu’à tomber sur cet article, si vous savez, par pitié, sauvez-Les Joyeux Pataugas ! Taper 1 pour chêne, taper 2 pour châtaignier !!!!
Car à l’heure qu’il est, certains sont toujours front plissé, doigt sur la tempe, en pleine crise philosophico-forestière !!!

Tour Nord de Bruch

Mais Bruch n’a pas encore dit son dernier mot puisqu’ au détour d’une ruelle, voilà nos Joyeux Pataugas face à face avec la Tour Nord. Il était évident, voire impossible de quitter Bruch sans s’attaquer au grand final : la fameuse Tour Nord. Datant du XIIIᵉ siècle et ancienne entrée du bourg, elle marie robustesse défensive et coquetterie seigneuriale. Classée monument historique depuis 1906, elle a traversé les siècles plus vaillante qu’un Joyeux Pataugas dans un chemin plat au bout de 500 mètres. Et là, ultime défi : la montée du petit escalier en colimaçon !!! Mais quelle récompense en haut : une terrasse, le vent doux, et une vue à couper le souffle sur un bout de Gascogne : collines, pierres blondes, toits rouges, un horizon qui semble avoir décidé de s’étirer jusqu’à l’infini pour saluer des Joyeux Pataugas essoufflés, mais ravis.

Cliquez sur l’image pour voir le panorama de la Tour nord de Bruch

Et c’est sur ce panorama inouï que toute la petite troupe va s’engouffrer dans les voitures, direction Montesquieu et la Ferme Roques à, à peine 5 km !!! Inutile de dire que si certains Joyeux Pataugas comptaient aller dire bonjour à Morphée en vitesse, c’est partie remise !!!

Et là, Mesdames, Messieurs, à la Ferme Roques : voici Jean-Pascal, pruniculteur flamboyant, ambassadeur officiel du pruneau… pardon… de la prune d’Ente. Il ne cueille pas des fruits : il élève des destinées.

Imaginez un One man show sur la prune d’Ente. Et quand vient sa transformation en pruneau : ah là, c’est du théâtre ! Il vous explique le séchage comme si c’était un rituel sacré, moitié druide, moitié professeur hilarant, avec des gestes amples, des yeux qui brillent et un accent qui roule plus qu’une prune dans une pente gasconne.
À l’écouter, on dirait que la prune ne sèche pas : elle transcende, elle s’élève, elle médite. Il en parle avec passion. Ce n’est pas un fruit… c’est un patrimoine affectif.” C’est un prophète du jus sucré, un chevalier du noyau, le Molière du pruneau.

Extrait :

Cliquez sur l’image pour l’extrait du
One man show de pruniculteur Jean-Pascal

Vous imaginez bien… qu’après un tel spectacle et surtout une bonne rigolade d’une bonne quarantaine de minutes, Les Joyeux Pataugas se sont rués sur le « pruneau » et ses dérivés !!!

Franck

Jeudi 16 octobre

Mézin et la Ferme des Cousines, 8,2 km, 47170 Mézin

Cinq jours déjà que Les Joyeux Pataugas arpentent les collines gasconnes, avalant kilomètres et calories avec le même enthousiasme. Ici, on marche pour mériter son repas… et pour éliminer le précédent.

Ce jeudi matin, au parking du Relais du Moulin Neuf, la nature a mis le paquet côté brouillard : une purée de pois si compacte que nos Joyeux Pataugas jouent à cache-cache sur le parking !!! Mais heureusement, Miss Météo, toujours optimiste, a promis du grand soleil au cours de la journée !!!

C’est donc dans un décor cotonneux que le convoi s’ébranle, serpente dans un dédale de routes étroites et met le cap sur Mézin et la fameuse Ferme Gagnet, appelée « La Ferme des Cousines », aire officielle de ravitaillement et de bombance du jour des Joyeux Pataugas !!!

À l’arrivée, Bénédicte, guide du jour, attend le groupe, pimpante et solaire malgré la brume. Un sourire à faire fondre le brouillard (ou presque). Le temps d’enfiler les chaussures, de resserrer les lacets et de vérifier que personne n’a pris la route de Lourdes par erreur, voilà nos Joyeux Pataugas partis, fendant la brume comme des fantômes en goguette.

Quelques part dans le brouillard du coté de Mézin

Deux manquent à l’appel : Monique, encore convalescente de son oreille rebelle, et Pascaline, victime d’un cruel manque de sieste… Elles rejoindront la troupe plus tard… à l’heure bénie du banquet (comme par hasard).

La première halte se fait à un kiosque, perdu au milieu de nulle part, mais pourvu d’une table d’orientation. Sur place, un texte de la poétesse locale Dany Moreuil vante « qu’ici on en prend plein la vue, que l’œil reçoit des paysages sculptés par le ciel et les hommes, que les vignes sont bien alignées, présage d’allégresse et tintin touin et tintin touin ». Imaginez bien que nos Joyeux Pataugas, eux, ne voient qu’un rideau blanc suspendu sur le paysage. Mais qu’importe la visibilité, avec Bénédicte tout devient passionnant : un brin d’histoire, deux pincées de patrimoine, une louche d’accent du Sud-Ouest et zou, tout le monde est captivé. Même la brume se retient de pleurer pour ne pas gâcher le moment.

La table d’orientation de Mézin

Sur la route de Trignan, Béné cause, conte et raconte. Un clocher d’église apparaît vaguement, tel un mirage sorti d’un rêve humide. Les Joyeux Pataugas s’agglutinent et tentent de le voir, quand soudain, ô miracle : la brume s’effiloche ! Un rayon perce, la lumière dore les visages, et voilà Les Joyeux Pataugas, transfigurés, contemplant enfin ce clocher. Dany Moreuil peut dormir tranquille : la prophétie s’est accomplie.

Attention, ça va chauffer !!!

Mais en Gascogne, la quiétude, c’est comme le brouillard du matin : ça ne dure jamais longtemps ! Figurez-vous que du côté du lieu-dit Calais, nos Joyeux Pataugas décident, sous le patronage officieux de sainte Bénédicte, de franchir l’interdiction suprême. Enfin… soi-disant interdiction ! Ah, ces chemins communaux qui serpentent entre champs et clôtures… toujours une source de débats passionnés !

Et bien sûr, débat il y a eu ! Voilà nos Joyeux Pataugas, embarqués dans une joute verbale homérique, opposant la propriétaire du cru, façon Peppone, mais au fort accent espagnol, roulant les « r » comme les castagnettes, à Bénédicte-Don Camillo, qui, sourire en coin et douceur diplomatique en bandoulière, finit par obtenir le droit de passage… Sans heurts, sans rancune… enfin presque !

Ouf !!! Les Joyeux Pataugas sont passés
Sans commentaire

Quelques pas plus loin, l’Auzoue, un sous affluent de la Garonne par la Gélise, est franchi. À ne pas confondre avec l’ouzo, quoique peut-être que certains Joyeux Pataugas auraient préféré. Puis vient le bois de Saint-Marc, quelque peu encore brumeux par endroit, propice à la cueillette de champignons. Quelques Joyeux Pataugas, pris d’une inspiration mycologique soudaine, s’improvisent chasseurs de cèpes, sans vraiment de succès.

Et voilà déjà Mézin qui se profile. Le soleil, enfin décidé à pointer son nez, éclaire la fin du parcours. Les Joyeux Pataugas gravissent un petit dénivelé, positif, bien sûr, pour se mettre en appétit, et retrouve enfin la « Ferme des Cousines ».

La dernière petite grimpette avant de ripailler

Là-bas, les attend un repas gascon à la hauteur de leurs exploits : foie gras, parmentier de canard et convivialité à volonté. Les absentes sont là, une, l’oreille un brin réparée, l’autre, une partie des siestes loupées, rattrapée. Et tout ce beau monde se retrouve autour des tables, en attendant le joyeux tintement de verres, remplis de Floc !!!

Cliquez sur l’image pour voir Francois-Noël et les autres Joyeux Pataugas ripailler

Franck

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Les Joyeux Pataugas : Après-midi gascon

C’est donc après avoir bien mangé, bien bu, la peau du ventre bien tendue que nos Joyeux Pataugas quittent la ferme des cousines. Impossible bien sûr, pour eux, de partir les mains vides : ils ont donc rempli leurs coffres de trésors du terroir. Foie gras, magrets, rillettes, confits, pots en verre, pots en fer, pots en tous genres… Sans oublier les bouteilles de floc qui tintaient joyeusement, comme les cloches de vaches ivres.

Direction Mézin, pour une visite culturelle de la cité à laquelle seule Pascaline s’est soustraite. Car Pascaline ne peut PAS, au grand jamais, se passer de sa sieste quotidienne.
Même en vacances.
Même en randonnée.
Même au beau milieu de la Gascogne.
Donc, sans honte, sans remords, elle prit la direction du Relais du Moulin Neuf. Droit devant, elle s’en est allée dans ses draps comme un saumon remonte la rivière : par vocation.

Comme la brume du matin s’est complètement levée, laissant place à un magnifique ciel bleu, Mézin se révèle enfin aux Joyeux Pataugas. Il est vrai que ce matin, ils l’ont davantage frôlée et de plus à l’aveugle vu la purée de pois. Comme à l’accoutumée, l’érudite Bénédicte, dont les connaissances sur la région dépassent largement la quantité de floc bue à midi, guide la troupe à travers l’ancienne capitale du bouchon de liège.

l’église Saint-Baptiste à Mézin

Et sur quoi se stabilisent en premier, tant bien que mal, nos Joyeux Pataugas : sur l’église Saint-Baptiste, dont la masse imposante lui donne une allure de château fort. Puis vient la statue du « Père Fallières », Président sous la Troisième République et surtout natif de Mézin !!! Comme quoi, entre D’Artagnan et ses trois mousquetaires qui ferraillaient pour l’honneur et Armand Fallières qui présidait pour la République, la Gascogne a offert à la France un sacré tableau : du panache, de la politique et des moustaches de compétition.

La visite du petit Musée du Bouchon fut menée en mode express, mais sous l’incroyable érudition de Bénédicte sur le bouchon de liège, capable, apparemment, de reconnaître un chêne-liège à son ombre et de dater un bouchon au bruit qu’il fait en sautant.

Des Joyeux Pataugas captivés par le bouchon de liège

Puis retour aux voitures qui prennent la direction du Gers, avec quelques ralentissements suspects probablement dus aux siestes digestives.

Fourcès apparait alors comme un décor de film : la seule bastide ronde du Gers, construite en cercle autour d’un ancien château disparu, remplacé aujourd’hui par une place ombragée de platanes. Nos Joyeux Pataugas, eux, remplacèrent immédiatement l’ombre par leur présence joyeuse et sonore.

Sous la tour de l’horloge du XIIIᵉ siècle, ils entrent dans le bourg castral comme une troupe de théâtre amateur qui a oublié qu’elle n’était pas en représentation. Entre arcades et colombages, chacun trouve matière à s’émerveiller et à écouter l’avalanche de faits et d’anecdotes historiques débitées par Béné.

Sous les arcades de Fources

Puis, elle les conduit ensuite sur le vieux pont du XVᵉ siècle qui franchit l’Auzoue. Plus loin, elle abandonne l’histoire médiévale pour projeter tout le groupe en 1939-1945, évoquant la stèle commémorative, la Résistance et les réseaux du S.O.E.

Les Joyeux Pataugas devant la stèle commémorative, la Résistance et les réseaux du S.O.E. à Fources

Après, quelques incursions dans de vieilles rues joliment restaurées, vient le moment de la séparation avec Bénédicte.
— « Vous allez me manquer », dit-elle.
— « Toi aussi… et ta culture ! », répondit le groupe en chœur, sachant pertinemment qu’ils venaient de perdre leur encyclopédie de poche. Un dernier signe de la main, un « Adishatz ! », et Les Joyeux Pataugas reprirent la route vers le Relais du Moulin Neuf.

Franck

(*) Adishatz : Terme gascon de salutation, utilisé aussi bien pour dire bonjour que au revoir

Vendredi 17 octobre

Moncrabeau, 8,8 km, 47600 Moncrabeau

Pour cette der des ders gasconnes, Les Joyeux Pataugas se réveillent gonflés d’un allant dynamique. Tout l’effectif est là !!! Pas un pet de travers, pas une tire-au-flanc à l’horizon ! Un vrai miracle, ou peut-être est-ce l’influence directe des vapeurs d’Armagnac qui flottent dans l’air du Relais du Moulin Neuf. Allez savoir !!!

Comme d’hab, dès 8 h 45, le cap est mis sur Moncrabeau, capitale mondiale et incontestée de la menterie, avec comme garde-chiourme et conteur, le retour du pitchoun chapeauté, Nicolas. Moncrabeau est un village où l’on ne demande pas « Comment ça va ? » mais plutôt « Quelles histoires vas-tu me raconter aujourd’hui ? » C’est là où l’Académie des Menteurs couronne chaque premier dimanche d’août un Roi qui n’a qu’une mission : être de mauvaise foi avec talent.

Mais avant les bobards, place aux godillots !

Au parking de la place du Foirail, Nicolas annonce d’un geste assuré le début de cette dernière randonnée gasconne. Le soleil, lui, est enfin revenu après deux matinées passées à errer dans une véritable purée de pois.

Et comme toujours, qui dit départ dit grimpette. Et donc, qui se présente d’emblée face aux Joyeux Pataugas : la « petite » montée bien gasconne, c’est-à-dire suffisamment corsée pour que certains mollets envisagent une lettre de démission anticipée. Mais fidèles à leur réputation, Les Joyeux Pataugas affrontent la pente avec entrain : quelques-uns le cœur léger, presque en sifflotant, d’autres avec ce sérieux concentré, qu’on réserve aux grandes batailles… et quelques-uns avec la moue et le sourcil froncé. Heureusement que le soleil radieux se charge de rappeler à tous que la Gascogne sait récompenser les braves.

La premiere de la der des ders gasconnes

Arrivés sur le chemin du Riquet, tout tranquille et tout carrossable, voilà nos Joyeux Pataugas qui versent à droite, pour un plein paysage découvert. Les Joyeux Pataugas traversent alors le Drot, une modeste rivière mais un affluent fier de la Garonne. Puis, sous un nuancier de feuillages d’automne, or et cuivre, ils descendent, avant de remonter aussitôt (loi immuable de la randonnée gasconne).

La descente avant de remonter vers Casteron-Bas

Entre les lieux-dits Casteron Bas et Gardères, le relief se fait joueur : ça monte, ça descend, ça remonte… de vraies petites montagnes russes, mais à la différence des manèges du même nom, aucun séant des Joyeux Pataugas n’est maltraité. Et si à notre époque, on vante la diversité, elle se manifeste aussi chez nos Joyeux Pataugas, devant une grimpette, un brin ascensionnelle. Et là, certains évoquent une montée un peu plus pentue quand d’autres la voient comme une franche « tentative d’homicide cardio-respiratoire ». Bref, Les Joyeux Pataugas c’est pour tous les goûts… et tous les souffles, et à chaque fois, tout le monde arrive au bout, sain et sauf !!!

Le coup de chaud après une grimpette
L’amour est dans le pré

C’est Route de Saint-Cirice que survient un bref épisode de « L’amour est dans le pré ». Dom, charmeur invétéré, repère une maraîchère à l’œil pétillant. Comme toujours, il aborde, lance deux-trois galanteries, mais lorsqu’instantanément, la belle lui propose sérieusement sa fourche pour l’aider au jardin, notre Don Juan rissois prend une poudre d’escampette digne d’un champion olympique. Mais comme nos Joyeux Pataugas vagabondent dans la campagne moncrabelaise, qui sait si votre narrateur ne glisse pas, lui aussi, une petite menterie locale ? Après, il y a bien les photos pour trancher… ou pour embrouiller encore plus !

Après avoir passé le lieu-dit Sivouase, voilà qu’une descente vertigineuse happe nos Joyeux Pataugas avec comme but de rejoindre la fameuse route des Menteurs. Cette voie légendaire qui mène tout droit au village où tout est vrai… sauf ce qui est faux… et inversement.

La route des Menteurs et …des Menteuses

Au bout, Moncrabeau, fier, ensoleillé, attend nos Joyeux Pataugas pour une après-midi haute en couleurs d’affadulations.

Retour sur Moncrabeau

Franck

Cliquez sur l’image pour visionner le circuit

Les Joyeux Pataugas à Moncrabeau, là où mentir est un art

L’après-midi commence sous un soleil si certain qu’il semble presque vrai, ce qui, à Moncrabeau, capitale de la menterie, tient déjà de l’exploit. Dans cette bourgade de huit cents âmes où la frontière entre Gers et Lot-et-Garonne n’est qu’un prétexte géographique à d’autres frontières, bien plus poreuses, entre le vrai, le presque vrai, le franchement faux et le carrément abracadabrant, tout semble conçu pour stimuler la bonne humeur. Et comme Les Joyeux Pataugas, revigorés par un déjeuner au Phare de Jeanne, seul phare de France situé à des centaines de kilomètres de toute côte raisonnable, sont friands d’entrain contagieux, pensez-bien qu’ils ne se font pas prier pour parcourir, sous le pilotage de Nicolas, le fameux circuit des menteurs.

Dès leurs premiers pas sur le circuit, les voilà qui s’arrêtent net devant un panneau triangulaire annonçant une traversée d’éléphants roses. Un frisson d’incrédulité mêlé d’euphorie les parcourt, vite balayé par un éclat de rire collectif lorsqu’ils découvrent, dessinés sur le bitume, une ribambelle de petits pachydermes roses trottinant vers le trottoir d’en face. Entre stupéfaction amusée et ravissement enfantin, ils se laissent aussitôt gagner par cette fantaisie locale. Puis vient la rue Cocu Saute, avec son monument au Cocu inconnu, et s’ensuit, au travers de vieilles façades complices et de recoins malicieux, une ribambelle d’inscriptions facétieuses et de mises en scène. Tout respirait la joie de mystifier le passant. De là, le cortège joyeux bifurqua vers la maison natale de Fuiyo Lapuce, infaillible informaticien du roi Louis XVI, dont chacun savait qu’il avait inventé la première mise à jour obligatoire, une révolution qui avait, disait-on, précédé de peu l’autre.

Arrive alors le moment solennel du Fauteuil des Menteurs. Trônant au milieu d’une placette, il appelle Les Joyeux Pataugas au défi. Et ils ne sont pas défilés nos fanfarons, quelques téméraires s’y risquent, conscients que nul n’en sort indemne : certains en ressortent plus malins, d’autres plus bavards, tous avec une couleuvre de plus ou de moins à faire avaler en beauté. L’assemblée s’amuse et observe ces intrépides qui tentent de rivaliser d’audace dans une joute imaginaire, en laissant leurs proses parler pour eux. Un ballet silencieux de gloriole et de fanfaronnade.

Cliquez sur l’image pour voir et entendre quelques téméraires sur la Pierre de Vérité

La « porte de la Mentherie » se dresse ensuite devant eux. Juste à côté, trône en vitrine le crâne d’Henri IV enfant, celui de Ravaillac, et bien naturellement l’arme à gnac, conservés avec un sérieux déroutant. À ce stade, certains Joyeux Pataugas ne savent plus très bien ce qui, dans leur propre mémoire, tient de la réalité ou de la blague municipale. Ce qui, à Moncrabeau, signifie qu’ils sont parfaitement dans l’ambiance.

La fin d’après-midi offre une accalmie toute relative, comme une parenthèse faussement sage au cœur du royaume du faux. Les Joyeux Pataugas franchissent le seuil du musée Michel Goma, et sont aussitôt happés par un déluge de croquis élégants. Cet enfant de Moncrabeau, devenu génie international avant même ses trente ans, avait parcouru les plus grandes maisons de couture, Patou, Balenciaga, mais n’avait jamais oublié son village. Des milliers de dessins, des dizaines de vêtements, des pages de presse du monde entier sont exposés et racontent la trajectoire fulgurante d’un homme qui avait su prouver qu’on pouvait naître dans la capitale des menteurs et s’habiller de vérités somptueuses. Ce n’est que dans les dernières salles que l’ambiance fait revivre certains aspects matériels de la vie des Moncrabelais de la fin du XIXᵉ siècle et de la première moitié du XXᵉ siècle, depuis le berceau jusqu’aux vieux métiers en passant par l’enfance et les intérieurs de maisons.

Lorsque Les Joyeux Pataugas ressortent, le soleil décline sur le village, enveloppant Moncrabeau. Ils viennent de parcourir un monde où parodie, réalité et rire se mêlent comme de vieux complices.

Franck

Samedi 18 octobre

Publié par lesjoyeuxpataugas

Groupe de Randonnée basé sur l'Essonne et la Seine et Marne

5 commentaires sur « Tous pour un, un pour tous… »

  1. Un super séjour maintenant c’est monaie courante avec nos deux organisateurs ils nous ont habitués à de belles prestations alors nous en redemandons, grand merci à Sylvie et Franck.
    Je n oublie pas le groupe auquel je dis aussi merci .☕🍮🧁🍷🥂🥡🍟🍌🫘🍞🥐

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  2. Rentrés seulement hier soir en Île de France, nous tenons à remercier Sylvie et Franck, nos 2 chefs d’orchestre, de nous avoir composé cette superbe symphonie gasconne et avoir veillé à sa parfaite exécution grâce aux partitions irréprochables de Bénédicte, Nicolas et toute l’équipe de Cap France… Sans oublier les notes personnelles de chaque Pataugas 🙏👍
    Ce fut une réalisation idéale en parfaite harmonie et à l’unisson… aucun bémol, aucune fausse note, aucun couac…si ce n’est quelques canards …mais pour la bonne cause ou plutôt pour la bonne bouche 😋… magret, foie gras, gésiers, hachis parmentier…
    Merci à tous…. À quand la prochaine 😉??
    Bisous😘

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  3. Super séjour pour une première virée avec les joyeux gai lurons , heeeuuu Pataugas pardon😂 cela m a fait un bien fou de changer d air et d’avoir pu partager cette aventure avec vous . A bientôt pour de nouvelles aventures.

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